- bêtement
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• XIVe; de bête♦ D'une manière bête, stupide. ⇒ sottement, stupidement; fam. connement. Agir bêtement. Il s'est fait tuer bêtement, d'une manière absurde. « Je me suis laissé distraire par toutes sortes de préoccupations idiotes, j'ai gaspillé mon temps bêtement » (Sarraute).♢ Tout bêtement : tout simplement. ⇒ bonnement, naïvement. « C'est déjà si difficile De bien s'aimer, tout bêtement » (Géraldy).bêtementadv. D'une manière stupide. Se conduire bêtement.|| Tout bêtement: tout simplement.⇒BÊTEMENT, adv.A.— Péjoratif1. D'une manière bête, stupide. Il parle et agit bêtement (Ac. 1798-1935, BESCH. 1845) :• 1. Dalloz, avec le tact qui le caractérise, s'est mis alors à parler bêtement des choses psychologiques toutes nouvelles, qu'a apportées Dumas fils au théâtre.E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1875, p. 1100.• 2. Il compta un à un, bêtement, mécaniquement, les carreaux du dallage.VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 282.2. [En parlant d'un accident, de la mort] Sans qu'on y découvre un sens, inutilement :• 3. ... Elle l'a conquis, rendu fou, puis abandonné pour un autre... Le pauvre Armand a voulu repartir et il est mort, bêtement, dans un accident d'avion...MAUROIS, Climats, 1928, p. 212.B.— Fam., non péj.1. Simplement, sans chercher de finesse :• 4. ... la morale est qu'il faut s'en tenir bêtement aux principes; ...J.-J. AMPÈRE, Correspondance, 1827, p. 454.2. Banalement, sans imagination, ni recherche artistique :• 5. Le jardin traditionnel de Mataryeh appartient à des coptes; il est soigné, épousseté et composé de plates-bandes bêtement encadrées de buis taillé; ...DU CAMP, Le Nil, 1854, p. 52.♦ Tout bêtement. Tout simplement :• 6. Moi, je suis heureux de la petite existence que je me créerai en province, où je succéderai tout bêtement à mon père.BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 156.♦ Le plus bêtement du monde :• 7. Si je publie, ce sera le plus bêtement du monde, parce qu'on me dit de le faire, par imitation, par obéissance et sans aucune initiative de ma part.FLAUBERT, Correspondance, 1851, p. 320.PRONONC. :[
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ÉTYMOL. ET HIST. — XIVe s. bestement (d'apr. Vaganay dans Revue des études rabelaisiennes, t. 1, 1903, p. 174 [sans précision de nuance d'emploi]), attest. isolée jusque 1606 (NICOT : Bestement et lourdement); 1743 bêtement péj. (Trév.).Dér. de bête2; suff. -ment2.STAT. — Fréq. abs. littér. :325. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 179, b) 523; XXe s. : a) 749, b) 497.bêtement [bɛtmɑ̃] adv.ÉTYM. XIVe, bestement, sens inconnu; rare av. 1606, puis XVIIIe; de bête.❖1 D'une manière bête (II.), sotte, stupide. ⇒ Sottement, stupidement; niaisement. || Parler, agir (cit. 24) bêtement.2 D'une manière absurde, inutile. || Il est mort bêtement; il s'est fait tuer bêtement.0.1 « Je me suis laissé distraire par toutes sortes de préoccupations idiotes, j'ai gaspillé mon temps bêtement… »N. Sarraute, le Planétarium, p. 100.3 Banalement, sans chercher plus; simplement. || Je m'en tiendrai bêtement à mes principes, au contrat.♦ ☑ Tout bêtement : tout simplement. ⇒ Bonnement, naïvement.REM. On trouve chez Flaubert la variante : ☑ le plus bêtement du monde.1 Autrefois, par exemple, on disait tout bêtement : Voilà une idée raisonnable; maintenant on dit plus dignement : Voilà une déduction rationnelle.A. de Musset, Lettre de Dupuis et Cotonet, 1836.2 Je vous demande un peu ! S'aimer éperdument,S'idolâtrer… quand c'est déjà si difficileDe bien s'aimer, tout bêtement (…)Paul Géraldy, Toi et Moi, p. 74.4 (Domaine concret). Simplement, sans imagination. || Un appartement meublé assez bêtement, bêtement meublé.
Encyclopédie Universelle. 2012.